Né Jacques Rodrigue à Sainte-Agnès-de-Bellecombe en Abitibi-Témiscamingue en 1941, Jacques Michel débute très jeune dans le métier.
Il n’a que 16 ans lorsqu’il devient le chanteur et guitariste des Rock’n’roll Kids puis des Midnighters, deux groupes de l’Estrie où sa famille s’est établie après avoir quittée l’Abitibi. En 1960, alors que tous les jeunes de sa génération veulent chanter dans la langue d’Elvis, il fonde Les Colibris, une formation dont le répertoire est principalement francophone. Il interprète des chansons de ses idoles, Bécaud, Aznavour et Brel, auxquelles il mêle ses premières compositions.
Il décroche son premier contrat solo en 1963 dans un cabaret montréalais : Le Café de l’Est. Quelques mois plus tard, Muriel Millard le remarque et l’invite à participer à son spectacle à la Comédie-Canadienne. Le public le découvre de même que la critique montréalaise qui l’applaudit chaleureusement. Cet enthousiasme lui vaut le premier prix de sa carrière, celui de Révélation de l’année au Festival du disque en 1965. Puis, il remporte le trophée de la chanson « yé-yé » avec une chanson qui constitue pourtant une satire de ce style musical.
Malgré un succès d’estime, quatre albums et une bonne dizaine de 45 tours, le palmarès lui résiste encore, sauf pour deux chansons fantaisistes qu’il signe pour Les Lutins : Monsieur le Robot et Roquet belles Oreilles. En 1968, il tente une nouvelle fois sa chance et lance* Sur un dinosaure*. La chanson connaît un succès fulgurant et lui permet de s’inscrire enfin au palmarès québécois. La même année, l’auteur-compositeur-interprète domine le palmarès à nouveau avec Ta mère et moi, L’enfant noir, Les requins et À cause d’une fleur, pièce couronnée du prix spécial du jury au Festival du disque.
Très prolifique au cours des années 1970, Jacques Michel écrit sur des sujets plus «engagés». Il remporte le Grand Prix du Festival de Spa en Belgique avec Amène-toi chez-nous et le second prix au Festival international de la chanson populaire de Tokyo, avec Un nouveau jour va se lever. Les deux pièces figurent sur le disque Citoyen d’Amérique paru en 1970.
En 1971, Jacques Michel lance S.O.S, l’album le plus engagé de sa carrière. Orchestré par Richard Grégoire, on y retrouve les chansons S.O.S on va couler, La suite et J’débarque *qui ont beaucoup tournées sur les stations FM. L’année suivante, il récidive avec *Pas besoin de frapper pour entrer et produit ensuite l’album Dieu ne se mange plus, l’album le plus rock de sa carrière.
En 1975, suite au décès de Claire, sa jeune épouse, il lance l’album Migration, une œuvre d’une sensibilité à fleur de peau empreinte d’une grande tristesse. Suivent les albums Le temps d’aimer paru en 1977 avec les succès Voyez-vous le temps qu’il fait *et *Rose chair de femme, Le cœur plus chaud (1978) et Passage (1980) sur lequel on retrouve Vodka-Cola et Salut Léon. En 1982, avec l’album Maudit que j’m’aime, il continue à être très présent sur les ondes avec Soleil Soleil et l’ultime Happy song.
Au milieu des années 1980, après avoir enregistré dix-sept albums, Jacques Michel met sa carrière musicale en veilleuse et s’oriente vers le petit écran. De 1985 à 1995, il conçoit, avec Ève Déziel, les émissions Le village de Nathalie et* Sur la rue Tabaga*, pour lesquelles il coécrit les scénarios et les textes des chansons.
Durant les années 2000, plusieurs de ses chansons reprennent le chemin des palmarès. En 2001, le chanteur Sylvain Cossette interprète Pas besoin de frapper sur son disque Rendez-vous. Deux ans plus tard, Wilfred LeBouthillier, gagnant de la première cuvée de Star Académie, reprend une de ses chansons phares, Amène-toi chez nous. En 2004, la populaire émission Star Académie choisit *Un nouveau jour va se lever *comme chanson-thème de sa deuxième édition.
Le 6 août 2004, après 17 ans loin de la scène, l’artiste remonte sur les planches de la Place des Arts dans le cadre des FrancoFolies de Montréal. Intitulé Jacques Michel en rappel, le spectacle est qualifié par une critique unanime : un retour triomphal. Il faudra cependant dix autres années avant que l’artiste se retrouve à nouveau sur scène. L’événement aura lieu le 24 mai 2014, alors que le Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue lui rend hommage. Sur scène avec lui : les musiciens Marco et Yves Savard avec qui la complicité est palpable et le bonheur de jouer immense. Cette rencontre est déterminante et lui donne envie de renouer avec la musique.
Jacques Michel entre en studio à l’automne 2014. Son dix-huitième album en carrière intitulé *Un nouveau jour *paraît en mai 2015.
Le succès de Jacques Michel est exceptionnel. Avec une discographie comportant quelque 200 compositions, dont plus de 30 ont atteint le sommet du palmarès francophone entre 1960 et 2005, il affiche une feuille de route impressionnante. Auteur sensible et engagé, mélodiste de grand talent, Jacques Michel est Chevalier de l’ordre du Québec depuis 2007.